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Dernier film du regretté Francis Leroi qui est décédé
en 2002 d'une crise cardiaque, il était sorti de sa
semi retraite dans son île paradisiaque pour se replonger
dans la grisaille parisienne et filmer les turpitudes de ses
contemporains. Il avait présenté son film à
Cannes où il avait généré l'attention
des médias. Comme son titre l'indique, le thème
du film est le voyeurisme et plus spécifiquement à
travers les nouvelles technologies et plus spécifiquement
Internet. La toile a vu l'explosion de sites où monsieur
Tout le monde peut s'exhiber sans avoir à subir les
foudres de la maréchaussée pour outrage aux
bonnes moeurs. Le héros du film interprété
par Titof est le prototype de l'homme pressé du 21e
siècle avec le portable collé à l'oreille
toujours entre deux voyages d'affaires. Lors d'un banal accident
de voiture, il fait la connaissance d'Alex (Liza Crawford)
qui va bouleverser son quotidien d'homme marié à
son travail.
Comme on est dans un porno, elle l'emmène chez elle
dès le premier jour pour le séduire sur le canapé,
sans grandes difficultés tant il est vrai qu'elle a
des atouts physiques auxquels peu d'hommes pourraient résister.
La première scène est superbe, intense. Il y
a une véritable alchimie entre les deux partenaires.
C'est plus une scène d'amour qu'une scène hard.
Ils s'embrassent comme des amants (pas les baisers de lézards
qu'on peut voir dans les pornos européens). Alex n'est
pas tombé dans les bras de Titof juste pour ses beaux
yeux, elle anime un site d'exhibitions et elle en a profité
pour partager ses ébats avec des millions d'internautes
via sa webcam et pour le plus grand bonheur du voisin d'en
face, Michael, un jeune puceau qui habite chez sa marraine,
une femme mariée insatisfaite pas insensible aux charmes
de son filleul. Le troisième personnage de ce tableau
est Ovidie qui incarne une webmistress nouvellement embauchée
par Alex dont le petit ami aime être travesti en soubrette
pour être dominé par un couple de bourgeois pervers.
Si le voyeurisme est le thème récurrent du film,
c'est aussi un cri de désir exprimé par chacun
des personnages comme Karisma (Ovidie) qui amerait être
vu comme une femme voulant s'affirmer sexuellement qu'une
informaticienne douée, Alex qui s'épanouit dans
l'exbitionnisme, la marraine qui voudrait retrouvée
la passion de ces 20 ans et assouvit cette envie à
travers sa relation quasi incestueuse avec son filleul. C'est
aussi un film où l'onirisme est très présent
comme le fantasme de Sébastien Barrio en curé
pervers assouvissant ses envies sodomites sur de jeunes nonnes.
Une des plus belles scènes de ce film est la séance
de domination SM où une superbe soumise brune se plie
aux jeux de son maître (flagellations, plug, jeux de
cire et fellations forcées). Le réalisateur
a su dégager de la sensualité évitant
la violence que certains peuvent voir dans ces pratiques.
On sent qu'il y a de l'amour entre les deux partenaires même
au travers des coups de martinets. Francis Leroi se permet
aussi quelques clins d'oeil cinématographiques comme
pour la scène du toit en référence aux
"ailes du désir" de Wim Wenders ou
"Derrière
la porte verte" des frères Mitchell avec
l'éjac faciale filmée au ralenti. On a des guests
stars avec Magella ou le réalisateur Pierre Moro dans
de courtes apparitions. Alors, porno intello ? A vous de juger.
Dédié à Ed Wood, le film de Leroi partage
un point commun avec le roi de la série Z, par le jeu
assez approximatif de ses acteurs mais le réalisateur
aura le mérite d'avoir essayer d'aborder le sexe si
ce n'est avec originalité au moins avec une passion
digne d'un pornographe, qui tranche avec le mercantilisme
qui prévaut dans le milieu aujourd'hui.
Parallèlement, le réalisateur a sorti Focus
un documentaire plus qu'un making off sur le tournage
de son film présentant l'envers du décor, les
conflits (notamment une dispute entre Francis et Ovidie sur
le déroulement d'une scène).
Note:5/5 le film testament d'un maître de la pornographie
française à voir absolument.
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